Vivement Manuel Valls à Matignon

Soyons raisonnable : à moins qu’un événement inattendu ne provoque la démission de François Hollande (qu’une banderole tractée par avion réclamait au-dessus de toutes les plages de France cet été, dans le plus grand silence des médias), entre l’obstination de celui-ci à poursuivre sa politique, et le chenil de caniches bien dressés dont il dispose à l’Assemblée nationale pour l’appliquer, il reste aux Français à serrer les dents et à attendre la fin de la tempête. 2017, donc. Passé le risque d’humilier Jean-Marc Ayrault en lui donnant son congé après dix-huit mois à Matignon, on voit arriver à grands pas le remaniement que sortira François Hollande de son chapeau pour donner l’impression qu’un nouveau souffle anime son action.

Si les lecteurs, comme les rédacteurs, de Boulevard Voltaire ne sauraient s’accorder sur la provenance ou la personnalité de celui qui serait le mieux placé pour redresser la France, il est un constat heureux et de plus en plus partagé, celui de l’impéritie totale du socialisme solférinien : François Hollande comme la quasi-totalité de son gouvernement pataugent dans des abysses d’impopularité. Le seul à s’en tirer plus que convenablement est Manuel Valls. D’aucuns lui voient de plus en plus ouvertement un destin proche à Matignon, et il apparaît régulièrement dans un sondage comme le seul à dominer Nicolas Sarkozy dans l’éventualité d’un duel entre les deux hommes en 2017.

Or, pour ceux qui, comme l’auteur du présent article, ont subi dans les derniers mois les agissements d’une police suivant les ordres illégaux de la place Beauvau, la chose est impensable et inadmissible. Une solution, alors, qui réglera certainement ce problème : laissons monsieur Valls accéder à Matignon à la faveur des besoins de fraîcheur de François Hollande. Lorsque le ministre ne se contentera plus de serrer les maxillaires devant les caméras pour donner l’impression que la dégradation de la situation ne peut être imputée à son incompétence, mais devra assumer la profonde nuisibilité de ce qu’il reste de programme à François Hollande, les Français se rendront compte que cet homme ne vaut pas mieux que ses pairs.

Nous parlons d’un homme qui donne pour consigne une tolérance zéro pour les SDF sur les trottoirs de son quartier, d’un homme dont la circulaire de 2012 oblige tout maire à inventer des logements gratuits aux nomades dont une commune entière demande le départ. D’un homme qui, après avoir essayé le courage en soutenant la décision de justice qui expulsait sainte Leonarda, a félicité chaleureusement François Hollande pour sa « bonne gestion » du dossier. D’un homme qui fait semblant de s’opposer au droit de vote des étrangers tout en continuant de naturaliser massivement des immigrés parlant à peine français. D’un homme qui a préféré caqueter sur les « attaques portées à la République » par quelquesbonnets rouges remontés plutôt que de s’exprimer dignement sur l’agression dont a été victime un député de l’opposition.

Si certains ont encore des illusions sur sa capacité à gérer notre pays, laissons monsieur Valls tenter une période d’essai à Matignon. L’échec qui s’ensuivra permettra sans doute d’éviter à la France de se resservir en 2017 cinq ans de la même soupe froide qu’elle ingurgite depuis un an et demi.