L'ultimatum sur la suppression de l'écotaxe a été balayé par Jean-Marc Ayrault. Face au préfet, les membres du collectif ont des revendications disparates.
L'ultimatum des «bonnets rouges» au gouvernement a expiré mercredi midi en faisant pschitt. Au sortir du Conseil des ministres, Jean-Marc Ayrault a rejeté la provocation bretonne en jugeant que l'ultimatum n'était pas «une bonne méthode». Le collectif «Vivre, décider et travailler en Bretagne» à l'initiative de la manifestation de Quimper avait réclamé mardi «la suppression de l'écotaxe pour la Bretagne» avant mercredi midi, faute de quoi il entreprendrait de nouvelles actions. Mais l'indifférence de Matignon à l'égard de l'ultimatum n'a pas déclenché les foudres promises. L'un des membres du collectif et président de la FDSEA du Finistère, Thierry Merret, a simplement annoncé des réunions «dans les prochains jours» pour «décider de ce que l'on va faire», jugeant que «la porte est fermée par Jean-Marc Ayrault» et que «c'est donc un appel à continuer». Christian Troadec, le maire divers gauche de Carhaix, a constaté que le gouvernement «ne prend pas la mesure de la colère des Bretons par rapport à l'écotaxe», mais a reconnu que l'ultimatum n'était «peut-être pas la bonne méthode».
Les actes de violences se sont multipliés dans la région, notamment avec la destruction de portiques et de bornes chargés de récolter l'«écotaxe». Cette «violence est inacceptable», dénoncent de nombreux élus et membres du gouvernement. À l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault a assuré que les auteurs «identifiés» de violences et de dégradations commises ces derniers jours à l'occasion de ce mouvement de colère faisaient l'objet de convocations devant le tribunal correctionnel deQuimper. «Quel que soit le bien public, un portique, un radar, une école, un équipement sportif (…) ce n'est pas acceptable, c'est contraire aux lois de la République», a-t-il ajouté.
Fermeté affichée
Au-delà de la fermeté affichée face au vandalisme, le premier ministre juge que l'heure est à l'ouverture du dialogue, qu'il faut «se mettre autour de la table». Ce qui était en cours dès mercredi puisque des discussions sur la crise bretonne se sont tenues à la préfecture de région pendant près de six heures. Ce «Pacte d'avenir pour la Bretagne» - un plan d'aide de 15 millions d'euros pour le secteur agroalimentaire breton - est conduit par le préfet de région, Patrick Strzoda. Il a pour objectif de sortir du conflit et Jean-Marc Ayrault espère aboutir à une signature de tous les acteurs avant fin novembre. Mais pour Thierry Merret, «il n'y aura pas de suite» sans la suppression définitive de la taxe poids lourds. A contrario, le Medef, qui réclamait et a obtenu la suspension de l'écotaxe il y a une semaine, a estimé à l'issue de la réunion que «les conditions du dialogue sont réunies», a expliqué Frédéric Duval, du Medef Bretagne. Une analyse que ne partageait pas Nadine Hourmant, déléguée Force ouvrière du groupe volailler Doux et membre du collectif qui a pris ses distances vis-à-vis des revendications concernant l'écotaxe en claquant la porte des discussions: «L'écotaxe est une petite chose derrière notre priorité qui est l'emploi. Aujourd'hui, on veut des réponses et pas des réunions qui ne tiennent pas debout.» Même son de cloche du côté de Fabrice Le Restif, représentant de Force ouvrière en Ille-et-Vilaine reçu dans la matinée par le préfet avec d'autres délégués syndicaux. Il a demandé lui «le gel des licenciements et des plans sociaux» dans la région comme préalable à toute discussion.
Parallèlement à ces débats avec les élus, le collectif, les partenaires sociaux et les organisations patronales, six réunions thématiques sont planifiées jusqu'à vendredi portant sur l'agriculture et l'agroalimentaire. Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll est quant à lui attendu vendredi en Bretagne.
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